Collectivités et services publics : 5 étapes vers votre déclaration d’accessibilité

Dans la plupart des appels d’offres publics pour la refonte d’un site web, l’accessibilité est demandée ou pour le moins mentionnée. Le contraire serait surprenant quand il s’agit d’une obligation légale.

En réunion start-up, lorsque l’on creuse un peu sur l’accessibilité et sur la capacité du client à répondre à ces exigences, on sent un peu de flottement… 

Ah bon une transcription de mes vidéos ? 

Mais toutes ? Même le conseil municipal en vidéo ? Ah oui ?

… et le journal municipal en Pdf doit être balisé pour une lecture accessible ? Mais, ça marche aussi avec Calaméo ?

La charge de travail se précise et les bonnes volontés s’émoussent.  

Et entre nous c’est un peu normal : il n’est pas toujours facile de trouver la ressource pour assumer l’accessibilité au quotidien, surtout quand on peine déjà avec un site un peu enroué et un webmaster qui cumule deux ou trois autres fonctions dans l’organisation.

Quand on arrive aux choix graphiques et que le webdesigner vous annonce :”mais non, du texte jaune poussin sur fond blanc, ce n’est pas possible”… les déceptions s’accumulent.

Alors on fait quoi ?    

En 1 avoir les bons outils : il est incontournable d’avoir un site web pensé dès le départ pour l’accessibilité.

Ne nous leurrons pas, les efforts à produire au quotidien pour combler les lacunes d’un site qui a été conçu en dehors des normes d’accessibilité sont : 

  • au mieux pharaoniques,
  • au pire inatteignables.

En premier lieu, on se donne les moyens d’avoir une structure de site facilitatrice. Les développements et les fonctionnalités back-office ne doivent pas vous conduire vers une incapacité technique de répondre aux besoins de l’accessibilité.

Par exemple, il est essentiel de pouvoir mettre en place une balise “alt” sur une image et surtout de pouvoir la dissocier de celle du gestionnaire de média… comme ça, il est possible de personnaliser la légende et l’alternative selon le contexte d’utilisation de l’image. Et encore mieux, il faut pouvoir la laisser vide dans le cas d’une image décorative.

Rien de plus rageant de se retrouver avec le titre de l’image repris automatiquement dans la balise “alt”, sans pouvoir le supprimer.

Pour le jaune poussin s’il est vraiment dans votre charte graphique, un webdesigner aguerri et créatif va relever le challenge. Il lui trouvera une bonne place dans sa création (mais peut-être pas sur les textes et surtout pas sur des boutons à fond blanc).

En 2, on s’organise : l’accessibilité c’est comme gravir une côte sans entraînement, ça essouffle !

En termes de charge au quotidien, ce sont l’image et la vidéo qui sont les plus chronophages. En raison essentiellement des alternatives et des transcriptions ou audio-descriptions.

Il faut peut-être penser à limiter légèrement le nombre d’éléments visuels et de documents en téléchargement (sans entrer dans l’austérité non plus). Se poser la question de la pertinence  : est-ce le bon format pour cette information ? Une page au format html ne ferait-elle pas aussi bien le job que ce Pdf trop lourd à télécharger et pas une seule seconde accessible ?

À quoi sert le plus beau graphique du monde, quand une personne sur 6 ne peut pas en prendre connaissance ? 

Bref, rechercher la qualité,  plus que la quantité et bousculer un peu ses processus de réalisation, pour optimiser les tâches. Par exemple : 

  • Prévoir la demande de transcription quand on a un prestataire vidéo, dès la rédaction du marché.
    Le photographe pourrait peut-être proposer une description de ses clichés… parce que tout demander au webmaster, cela crée des goulots d’étranglement et à la fin les images sont publiées sans accompagnement.
  • Demander un export des textes de la dernière plaquette sous Indesign à son graphiste :  il sera plus facile de faire des “copier/coller” de la version BAT,  pour construire une belle page de contenus, alimenter le webzine ou simplement le texte alternatif.
  • Prévoir des plug-ins adaptés. Par exemple, pour  la  génération de graphiques opter pour celui qui vous permet d’afficher la table de données…

Ces exemples sont à adapter à votre structure et à vos contraintes. Mais une bonne organisation et un site pensé en amont, vous feront gagner un temps précieux.

En 3, partager la charge : sensibiliser tous les intervenants et définir les voies de progrès

Si l’accessibilité est une démarche vertueuse, il faut reconnaître que peu d’acteurs sont véritablement sensibilisés au domaine.

L’accessibilité, c’est aussi un moyen de penser à des conditions d’usage particuliers. Une vidéo sous-titrée sera lue facilement dans les transports publics, même si on a oublié son casque audio. Les bonnes pratiques d’accessibilité profitent à tous à un moment ou un autre. 

Tous les acteurs directs et indirects des contenus du site sont à intégrer dans votre boucle vertueuse. Ce n’est pas toujours facile au quotidien quand vous avez affaire à des collaborateurs qui vous demandent de publier in-extenso et subito leur production surtout pensée pour le papier.

Il faut aussi se donner des marges de progression, il est possible de déclarer une accessibilité partielle. Il faut tout de même atteindre un niveau d’au moins 50 % de respect des critères du RGAA.

Il sera alors possible de se donner un délai de 3 ans et définir un schéma pluriannuel de mise en accessibilité. Ce document (que vous publierez sur votre site bien sûr), fera état des travaux de mise en conformité prévus.

En dernier lieu, on envisage la dérogation pour charge disproportionnée. C’est dommage, mais c’est toujours plus vertueux, qu’une accessibilité prétendue.

Certains contenus peuvent faire l’objet d’une exemption ou d’une dérogation, mais ces éléments doivent dans tous les cas être explicités.

Les contenus ou les fonctionnalités qui ne sont pas rendus accessibles en raison d’une dérogation pour charge disproportionnée sont accompagnés d’une alternative permettant à l’utilisateur d’accéder à des contenus ou fonctionnalités équivalentes, tant que la production de cette alternative ne constitue pas elle-même une charge disproportionnée.

En 4,  on passe à l’audit d’accessibilité

A qui demander l’audit ?

L’auto-évaluation

On pourrait se dire que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Le RGAA n’impose pas d’organisme particulier pour l’audit et vous pouvez le faire vous même si vous avez un expert sous la main.

Il n’existe d’ailleurs pas d’organisme de certification officielle pour le RGAA.

Un audit sérieux et complet d’accessibilité demande tout de même un niveau d’expertise élevé. L’automatisation des tests reste dans tous les cas parcellaire et vous devrez vous appuyer sur une vérification manuelle de tous les éléments qui demandent discernement et appréciation des contenus en particulier (qualité des titres, compréhension des textes, validité des légendes et alternatives…)

Si vous êtes prêts à vous lancer, vous pouvez télécharger sur GitHub les grilles d’audit Excel de Tanaguru.

Faire réaliser l’audit au concepteur du site

Rien n’empêche de confier l’audit au prestataire chargé de la réalisation de votre site.  C’est aussi le moyen idéal de lui donner l’occasion de parfaire sa production.

Pour peu que votre prestataire soit un tant soit peu consciencieux ou que vous puissiez agiter la perspective d’un contrôle externe, ce sera sûrement l’occasion de régler une grande partie des grains de sable qui auront échappé en premier lieu à la recette du site.

Faire auditer votre site web à un tiers spécialisé.

De nombreuses sociétés sont spécialisées dans l’audit d’accessibilité. Vous devrez cependant prévoir de consacrer quelques milliers d’euros pour engager leurs compétences. C’est évidemment la solution que vous pourrez privilégier si vous n’avez pas de compétences en interne et que vous voulez garantir l’indépendance des résultats.

Que doit-on auditer ?

Il n’est pas obligatoire d’auditer toutes les pages (ouf !).

Certaines pages sont cependant obligatoires dans votre revue. Il s’agit de :

  • la page d’accueil,
  • la page de contact,
  • la page des mentions légales,
  • la page comprenant la déclaration d’accessibilité,
  • la page plan du site,
  • la page d’aide,
  • la page d’authentification, si votre site propose un compte usager.

Les autres pages auditées devront être représentatives du service fourni :

  • au moins une page pertinente pour chaque type de service (par exemples les rubriques de premier niveau dans l’arborescence…) et la fonctionnalité de recherche ;
  • au moins un document téléchargeable ;
  • l’ensemble des pages constituant un processus (par exemple, un formulaire de saisie) ;
  • des exemples de pages présentant un type de contenu différent (page contenant des tableaux de données, des éléments multimédia, des illustrations, des formulaires, etc.).

Votre échantillon comprendra également 10 % de pages sélectionnées au hasard.

En 5, votre quête du Graal se termine : publiez votre déclaration d’accessibilité.

Après tous ces efforts, on n’attend pas moins de vous que de publier une déclaration accessible en ligne et en bonne place sur votre site internet.

Elle sera disponible au sein d’une page “accessibilité” et directement accessible depuis la page d’accueil (c’est obligatoire).

Sur cette page figureront également  :

  • le schéma pluriannuel de mise en accessibilité ou un lien vers celui-ci ;
  • le plan d’actions de l’année en cours ou un lien vers celui-ci.

Vous devrez également en faire le dépôt auprès du Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées.

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